Tuesday, December 1, 2020

Conduire en Corée du Sud - Introduction

Permis de conduire coréen et clés de voiture en poche, à moi l'aventure, me disais-je! Je me voyais parcourir les grands espaces cheveux au vent en écoutant Born to be Wild. C'était sans compter sur le fait que Busan est une ville très embouteillée. Après 2000 km, notre voiture nous indique une vitesse moyenne de 25km/h.


La conduite en Corée du Sud ne me paraît pas si différente des autres pays. Le code de la route est proche de ce que j’ai connu aux USA, avec quelques spécificités et difficultés dues au fait que les panneaux sont naturellement accompagnés de messages en coréen que l'on n'a pas toujours le temps de déchiffrer.

Le fait de conduire à Busan, cependant, ne simplifie pas les choses. A ce qu'on m’a dit, les conducteurs locaux ont la réputation d'être les pires du pays. Un dicton coréen dit que si l'on est capable de conduire à Busan, on peut être chauffeur de taxi n'importe où dans le monde. Et si on est chauffeur de taxi à Busan, on peut être pilote de course.

Les conducteurs ici sont effectivement (très) impatients, les règles pas toujours respectées, la vitesse souvent excessive, on vous laissera rarement passer ou changer de file, et les klaxons sont omniprésents. Le clignotant n'est pas utilisé pour indiquer qu'on va changer de file mais pour célébrer le fait d'y être parvenu, dit mon beau-frère en plaisantant. Vu comme ça, on pourrait se croire dans n’importe quelle grande ville du monde, mais il est vrai qu'à Busan la conduite reste un exercice assez éprouvant, surtout au début, tant il faut être ultra vigilant.

De nombreux conducteurs arborent un autocollant "초보운전" ("conducteur débutant") à l'arrière de leur voiture pour prévenir de leur manque d'expérience. Cependant, cela aura parfois l’effet inverse d’agacer les autres automobilistes, et certains joueront même encore plus facilement du klaxon, mettant ainsi davantage de pression sur les pauvres débutants qui n’en ont pas besoin.

"초보운전" = "conducteur débutant"

 
En matière de sécurité routière, je suis parfois étonné de voir en Corée des situations qui seraient impensables en Europe ou en Amérique du Nord. Il n’est pas rare, par exemple, de voir de très jeunes enfants installés sur le siège passager, ou parfois sur les genoux du passager avant. Quand ils sont sur la banquette arrière, ils ne portent pas toujours la ceinture de sécurité (obligatoire à l'arrière depuis seulement quelques années). Un grand nombre de conducteurs de 2 roues (livreurs pour la plupart) ne portent pas de casque et ne respectent tout simplement pas le code de la route (feux rouges brûlés, circulation à contresens ou sur les trottoirs. Comme à Paris, me direz-vous, mais en bien pire). Autre fléau, selon moi, et sans surprise dans un pays hyperconnecté comme la Corée, le nombre de conducteurs utilisant leur téléphone au volant, soit pour passer des appels et envoyer des textos, soit parfois pour regarder des vidéos en conduisant. J’imagine qu'il est difficile pour la police de lutter contre ce phénomène, sachant qu’en Corée la grande majorité des voitures ont les vitres teintées (je reviendrai sur ce point plus tard). Difficile donc de savoir qui fait quoi au volant.

Dernière chose importante à savoir en préambule : en Corée, comme dans certaines régions des USA que j’ai pu fréquenter, les voitures passent avant les piétons. Certes, la loi dit le contraire. Sur ce site, qui donne des informations en anglais sur la conduite en Corée, on nous explique : "The road belongs to pedestrians, not vehicles. The principle of pedestrian priority is also stipulated in the law. Drivers should drive as though all pedestrians were their family and friends." Mais en pratique, ce sont toujours les piétons qui laissent la priorité aux voitures.  Il est également monnaie courante de voir des voitures garées sur les passages piétons ou les trottoirs : les piétons n’ont qu'à les contourner.

Il m’a fallu du temps pour m’habituer à tout cela en tant que piéton (c’est assez désagréable) mais aussi en tant que conducteur. Au volant, je dois parfois me forcer à ne pas laisser traverser un piéton, ce qui pourrait être dangereux puisque aucun des automobilistes autour de moi ne s’attend à quelque chose d’aussi incongru. Ceci dit, les automobilistes aussi doivent faire attention aux piétons, et notamment aux nombreux "smombies" ("smartphones zombies") qui traversent sans regarder. On voit de plus en plus de feux de signalisation pour piétons incrustés dans les trottoirs, permettant à ceux qui marchent la tête baissée, les yeux rivés sur leur téléphone, de savoir quand traverser ou pas, mais cela ne suffit pas toujours.

 


 Voilà pour mes remarques préliminaires sur la conduite en Corée et à Busan. Il s'agit maintenant de savoir comment gérer les feux de circulations, intersections, changements de file, et autres rond-points. Ça sera le sujet de mon prochain post.