Friday, April 5, 2019

Cours de coréen en Corée


J'ai donc commencé à suivre des cours de coréen il y a environ un mois. Nous avons découvert qu'il y a des cours gratuits au "Multicultural Family Support Center" près de chez nous. Je n'ai même pas passé de test, parce qu'il n'était pas possible que je me retrouve dans un autre groupe que celui des débutants, même si j'ai appris une chose ou deux au cours des dernières années. Me voici donc en train de prendre deux cours de deux heures par semaine, plus un cours particulier supplémentaire avec un professeur bénévole. Et je suis très content d'être dans le groupe des débutants, parce que c'est déjà assez difficile pour moi de suivre. Il y a une vingtaine d'élèves dans ma classe, dont la plupart
1) sont des femmes asiatiques (du Vietnam, des Philippines, de Thaïlande ou de Chine)
2) ont déjà une certaine maîtrise du coréen, contrairement à moi.

Ces deux points ne me facilitent pas la tâche. Tout d'abord, comme le suggèrent les nombreux panneaux en vietnamien et en thaïlandais au centre où se tiennent les cours, la classe et le manuel que nous utilisons sont conçus pour les femmes de ces pays asiatiques qui ont épousé un Coréen. Cela pourrait s'expliquer par les nombreuses agences matrimoniales qui organisent des mariages internationaux entre des hommes Coréens et des femmes d'Asie du Sud-Est (que la presse qualifie de "mail-order brides", voir cet article du Washington Post). Cela ne veut pas dire que tous les mariages de mes camarades de classe ont été arrangés, mais notre manuel a clairement été conçu pour parler à ces femmes. Une grande partie du vocabulaire que j'apprends ainsi que les situations décrites dans le livre sont donc un peu loin de la vie d'un Français d'une quarantaine d'années. J'ai aussi appris à parler de mes beaux-parents : 시아버지 et 시어머니, jusqu'à ce qu'Elle me fasse remarquer que c'est ainsi que les femmes parlent des parents de leur mari. En tant qu'homme, je devrais utiliser d'autres termes (장인어른 et 장모님), mais le manuel ne les mentionne même pas.

Les femmes sont étrangères et les hommes sont coréens.
Pas de drapeau français ?

En passant, je me sens un peu mal à l'aise quand je vois comment la société et la famille sont décrites dans ce manuel. En gros, les épouses étrangères aiment faire les courses et prendre un café avec leurs amies, elles s'occupent de leurs beaux-parents et de toutes les tâches ménagères pendant que leurs maris coréens font bouillir la marmite et ne participent jamais aux tâches ménagères. Je ne peux m'empêcher de trouver cela un peu stéréotypé et dépassé. Je suis certain que même les manuels de langue pourraient jouer un rôle dans la lutte pour l'égalité des sexes en Corée.

Partage des tâches ménagères?

J'apprends tout de même beaucoup de vocabulaire de base, d'expressions utiles et de grammaire de base (ce qui peut être un vrai casse-tête). Je suis un élève assidu et j'ai de bonnes notes. Le problème, jusqu'à présent, c'est que je suis incapable de réutiliser ce que j'ai appris dans ma vie quotidienne, et ma compréhension du coréen parlé est toujours terrible.  Je ne peux pas reconnaître les mots que j'ai appris à l'école quand quelqu'un d'autre qu'Elle ou mon professeur les utilise....

Pour empirer les choses, comme je l'ai dit plus tôt, beaucoup de mes camarades de classe en savent beaucoup plus sur le coréen que moi.  J'ai cru comprendre que certains d'entre elles avaient déjà suivi ce cours l'an dernier, et ne sont pas des débutantes à proprement parler. Elles peuvent faire des phrases en moins de cinq minutes. Ou terminer un exercice avant que j'aie compris quelles sont les instructions. Certaines sont même capables de plaisanter avec le professeur, ou même de passer des coups de fil en coréen. Le problème, c'est qu'avec un groupe aussi hétérogène, le cours va vite... TRES vite ! Et je dois avouer que, dans un bon jour, je comprends environ 25 % de ce qui se passe en classe. De plus, le professeur parle coréen 90% du temps. En tant que professeur de langues, je trouve que c'est formidable que la classe soit enseignée dans la langue cible, ce qui est la meilleure façon pour les élèves de progresser. Mais les enseignants oublient parfois à quel point les élèves ne comprennent pas grand-chose. J'ai donc du mal à suivre les cours et je dois revoir toutes mes notes à la maison avec Elle pour rattraper le groupe et ne pas être trop en retard pendant le cours suivant. Elle est très utile, même si elle se moque parfois de moi quand je fais des erreurs. L'une des photos ci-dessous (qu'elle a même publiée sur son blog) est apparemment très drôle. Allez savoir pourquoi....

Donc, du côté positif, je peux dire que j'ai fait beaucoup de progrès en un mois, mais du côté négatif, je réalise aussi combien de temps il me faudra avant de pouvoir communiquer en coréen. J'ai besoin de travailler :

- ma prononciation et ma compréhension des sons qui sont identiques pour moi alors qu' ils ne le sont pas (soi disant). Par exemple 바, 빠 et 파 .
- mon vocabulaire : il y a tellement de mots identiques (ou qui se ressemblent beaucoup), et je les mélange vraiment tous. Lorsque j'apprends une langue étrangère, j'utilise habituellement des moyens mnémotechniques qui m'aident à me souvenir du sens des mots, mais c'est difficile en coréen, car les mots sont si différents pour moi que je ne peux les associer à rien.
- ma grammaire : quand utiliser exactement 이, 가, 을, ou 를 ? Dois-je dire 예요 ou 있어요 (celui-ci me rend fou !)
- comment compter : quand dois-je utiliser "하나, 둘,셋, 넷,다섯" et quand dois-je utiliser "일, 이, 삼, 사, 사, 오" ? et pourquoi ?

La liste est longue. Et pour ne rien arranger, le coréen a apparemment sept registre de langue différents (qui ne sont pas tous utilisés, heureusement). Cela signifie qu'en supposant que je puisse faire une phrase parfaitement correcte, il y a une chance qu'elle soit toujours inappropriée pour la personne à qui je parle, selon la situation. Soupir....

Ne vous méprenez pas, j'aime vraiment apprendre le coréen. Le cours est amusant, et c'est un bon exercice pour mon cerveau. Je suis toujours un peu contrarié quand j'entends des enfants de cinq ans parler couramment, mais je sais qu'un jour je serai aussi bon qu'eux !

Avec l'aide d'un magicien, peut-être ?